Le regard est noyé tel la vue d’une barque sur une rivière embrumée. La voix même évoque le roulement de galets dans le lit d’un cours d’eau. L’accent du Mississippi est à ce point déconcertant qu’il faut plusieurs secondes pour que les syllabes percent les sens sidérés. En ce mois de Mars 2019, on présume que la température est clémente sur la côte du Golfe du Mississippi, mais l’homme porte sur sa chemise de coton une veste en toile à fermeture éclair, et sa tête est couverte d’une casquette vermillon à la gaucherie saisissante. Calvin Parker est ainsi fait, tout d’un bloc, d’une désarmante ingénuité. Timide face à la webcam domestique, voici le jeune homme de dix-neuf ans qui tremblait, en pleurs, dans les locaux du Bureau du Shérif, cette nuit du 11 Octobre 1973. Aujourd’hui, derrière des yeux bleu argent, c’est un homme usé par une longue vie de travailleur et un accident cérébral récent qui se présente pour une interview sur un média français, après s’être tenu à l’écart de la presse pendant plus de quarante ans. Le moment évoqué est une interview en début d’année 2019 sur la webradio UFO Conscience, à l’initiative d’Olivier de Sedona.
Ce trait distinctif du témoin, intrinsèquement incapable du moindre artifice, de toute pose « médiatique », traduit avec justesse le contexte général de l’incident : Deux « fondus » de pêche, Calvin Parker et Charles Hickson, ouvriers sur un chantier naval, se trouvent « embarqués » au sens propre et au figuré, dans un vaisseau spatial extraterrestre. Les deux hommes n’aspiraient qu’à quelques heures de détente au bord de l’eau, après une journée de dur labeur, sous un soleil brûlant. Une rhétorique « pêche à la ligne » est récurrente tout au long de ce récit d’abduction, dans les interviews de presse (avec Hickson, puisque le jeune Parker s’y était refusé) comme dans les interrogatoires de police de cette nuit-là. Dans une traduction de nature ufologique, surgissent de façon inopinée, comme jaillies à la surface de l’eau, la limande, la truite tachetée de rivière, et un poisson non identifié, le hardhead, apparemment prisé dans cette région. Les deux hommes ne montrent face aux policiers du comté, aucune fausse pudeur à relater le déroulement de cette plaisante soirée, avant le moment fatidique. Calvin rapporte qu’à la seconde où les deux hommes, debout sur le ponton, aperçoivent l’objet sous la forme d’une lueur bleutée en suspension au-dessus du sol, Charles Hickson, transi d’effroi, laissa glisser sa canne à pêche dans la profondeur du lit de la rivière. Calvin a ce mot : « C’est comme s’il avait lâché son bébé ». La rhétorique est donc encore à l’œuvre : Un vrai pêcheur ne lâche « jamais » sa canne à pêche… On pourrait à loisir « dérouler la pelote » en surfant (une autre métaphore savoureuse ici) sur l’épisode Kenneth Arnold. On se souvient que l’expression « flying saucer » a été popularisée lorsque Kenneth Arnold choisit cette expression pour décrire le mouvement apparent de l’escadrille d’objets volants « en formation » qu’il observa audessus du Mont Rainier, dans l’Etat de Washington, le 24 juin 1947. Arnold indiqua que les objets volants semblaient rebondir sur l’air, à la manière de « soucoupes » que l’on ferait ricocher à la surface de l’eau. A l’origine de l’ufologie moderne se trouve donc, si l’on peut dire, une imagerie rattachée à des loisirs en bord de rivière. Hickson et Parker se seraient toutefois volontiers passés de ce clin d’œil involontaire…
Par-delà cette couleur locale et les sourires fortuits de l’Histoire, l’intérêt du dossier tient à ce qu’il est solidement documenté, indépendamment des contenus spécifiques du livre de Parker. Premièrement, le cas Pascagoula emblématique, par son retentissement, d’un évènement majeur, la vague d’ovni de 1973, qui frappa les Etats-Unis. Cette vague d’observations s’étendit sur près de vingt-cinq Etats, principalement dans le sud (Golfe du Mexique) et la côte Est, a été d’une telle ampleur qu’elle fut l’objet d’une étude de soixante pages du Center for Ufo Studies (son fondateur J. Allen Hynek se rendit à Pascagoula le lendemain de l’incident), étude qui fut publié en 1976. Il est probable que l’on ne prend toujours pas la mesure de ce contexte. Quel est sa véritable « échelle » ? Le phé séances d’hypnose successives et étirées sur de longues périodes (Ce n’est pas le lieu ici de développer ce sujet, qui exige des clarifications qui n’ont jamais été faites dans le milieu francophone). Il n’est donc pas interdit de faire l’hypothèse que de nombreux épisodes d’enlèvement eurent lieu aux EtatsUnis entre Mai et Décembre 1973, qui n’ont pas été détectés, recensés et explorés en bonne et due forme. Après la séance d’hypnose de mars 1993, Hopkins avait indiqué à Parker que les souvenirs feraient jour insensiblement, et qu’il pourrait le contacter ultérieurement. Parker perdit les coordonnées de Hopkins dans les dégâts causés par l’ouragan Katrina. Combien d’autres abductés n’ont-ils jamais eu l’occasion et le privilège d’approcher le chercheur le plus expérimenté sur le sujet, ni aucun autre ? L’expérience de Parker rapportée au chapitre douze confirme un autre élément caractéristique de l’abduction, selon les observations de Hopkins ou Jacobs. Ce dernier assure dans ses ouvrages que de façon générale les personnes abductées subissent le phénomène dès leurs premières années, et que le phénomène s’étire sur des décennies. L’incident de Cat Island se déroule près de vingt ans après celui de 1973, et la régression hypnotique conduite par Hopkins en mars 1993 ne se contente pas de restituer la rencontre avec la « femme » à bord de l’ovni en 1993. La séance a mis en évidence les corrélations entre les deux incidents distants de vingt ans, en particulier à-travers la figure de la « femelle ».Plus encore cette transcription rendue publique en 2018 jette un éclairage sur ces « épisodes fondateurs » régulièrement mis à jour dans les années de la petite enfance (autour de l’âge de cinq ou six ans) dans les explorations de cas par Budd Hopkins, David Jacobs ou John Mack. La transcription de la séance de 1993 à Tampa, Floride, met en évidence les rencontres précoces de Calvin et de son jeune frère avec des visiteurs d’un autre type, et probablement la femelle impliquée dans les deux incidents de 1973 et 1993.
En l’occurrence, un autre élément constitutif du dossier Pascagoula est le rôle des séances d’hypnose dans la compréhension de l’incident. On ne compte pas moins de cinq séances conduites par divers praticiens. Philip Mantle confiait récemment que l’on est toujours sur la piste des archives complètes d’Allen Hynek sur le dossier Pascagoula. En l’occurrence, nul ne sait ce qu’il est advenu de ces précieux enregistrements des brèves séances conduites par Hynek et James Harder le samedi 13 Octobre 1973, dans les locaux de la direction des chantiers Walker, déjà assaillis de reporters. On ne surestimera jamais la valeur de ces enregistrements réalisés près de vingt-quatre heures après les faits. Espérons qu’un travail opiniâtre permettra de localiser ces précieuses archives… En 1976, William Mendez, coauteur du livre de Charles Hickson paru en 1983, organisa plusieurs séances de régression hypnotique avec un hypnothérapeute du nom de Kraus. La transcription se trouve au chapitre 7 de ce livre, reprise du livre de Hickson et Mendez. Alors que Parker était occupé à la rédaction de son manuscrit, on apprit grâce à Peter Robbins, ufologue qui fut longtemps proche de Hopkins, que ce dernier avait effectué une séance d’hypnose avec Parker en 1993. Ce dernier n’en avait aucun souvenir. Le contenu de cette séance qui porte sur les deux incidents distants de vingt ans, est transcrit au chapitre 12. En Février 2019, toujours par Robbins, on apprit que Charles Hickson avait voyagé à New York à plusieurs reprises entre 1985 et 1989, pour des séances d’hypnose avec Hopkins. Les cassettes d’enregistrement de séances en 1985 et en 1989 avec Charles Hickson et celle de 1993 (avec Parker) ont été transmises à Mantle par David Jacobs, dépositaire des archives de Budd Hopkins (décédé en 2013). A la date où nous écrivons (début juin 2019) Philip Mantle est en train d’effectuer les transcriptions des séances de 1985 et 1989, qui seront intégrées à une édition mise à jour. S’ajoute à cela une séance d’hypnose avec Charles Hickson faite en 1978 par Leo Springle, un autre pionnier des recherches sur les abductions, et James Harder, qui avait accompagné Hynek à Pascagoula le 12 Octobre 1973. Redécouvert il y a peu, cet enregistrement est en cours de transcription. Les chercheurs disposeront donc très prochainement d’un corps volumineux de sources dont plusieurs n’ont jamais été explorées. Il serait fécond qu’un chercheur minutieux se consacre à une étude comparée de ce matériau abondant, constitué par six séances de régression hypnotique avec les deux témoins.
Un dernier trait significatif est la manifestation régulière de témoins crédibles. En 1981, l’enquêteur grec Stefanos Panagiotakis, en une semaine d’escale à Pascagoula, parvint à identifier deux nouveaux témoins, outre une interview avec Emanuel Sigalas, le pasteur d’ascendance grecque qui accompagnait le témoin Ray Broadus pour une réunion de soutien à un groupe d’alcooliques, cette nuit du 11 octobre 1973.
Mike Cataldo rendit son témoignage public en octobre 2001. Retraité de l’US Navy, il avait servi comme sous-officier sur des bâtiments de guerre stationnés à Pascagoula en 1973. Il entra en contact en 2001 avec Natalie Chambers, reporter de l’agence Associated Press, qui avait écrit une dépêche à l’époque de l’incident. L’interview de Cataldo par Chambers parut dans le Northern Mississippi du 21 Octobre 2001, et passa largement inaperçue. Paul Harvey, présentateur radio d’audience nationale (The Paul Harvey Show ) comprit l’importance de ce témoignage, et consacra à l’article de Chambers une partie de son émission matinale du samedi 27 octobre 2001. Un témoin se manifesta à Philip Mantle en 2017 après que ce dernier eut participé à une émission sur Open Minds Radio. Ce témoignage est rapporté au chapitre onze de ce livre. Le dénommé Evan avait douze ans en 1973, il vivait avec ses parents sur une ferme dans le comté Jones, limitrophe avec le comté Jackson. Une heure avant celle rapportée pour l’incident sur la rivière Pascagoula, le jeune homme et ses parents furent témoins d’un objet qui passa silencieusement au-dessus de la ferme familiale, émettant une luminosité semblable à un éclairage public à vapeur de sodium (sodium vapour street lamp).
Le témoignage le plus spectaculaire est sans conteste celui des époux Blair, survenu en janvier 2019 suite aux interviews de Calvin Parker. L’élément le plus stupéfiant de ce témoignage est qu’il corrobore des éléments de l’expérience décrits dans la séance d’hypnose avec Calvin Parker en 1993. Calvin mentionne dans cette partie de la régression hypnotique un numéro de plaque d’immatriculation correspondant à un véhicule observé sur le bord de la rivière pendant le trajet en voiture des deux hommes. Ce serait un épisode saisissant des études sur les abductions si cette plaque pouvait un jour être attribuée officiellement au véhicule à bord duquel se trouvaient les époux Blair cette nuit du 11 Octobre 1973.
Pas moins de quatre livres ont été consacrés au dossier Pascagoula, le premier étant celui de Ralph Blum, Beyond Earth, qui fit le déplacement jusqu’à Pascagoula le lendemain du 11 octobre 1973, et qui consacre à l’incident un chapitre complet de son livre publié en 1976. Quelques années plus tard, en 1981, un marin grec, officier radio sur un navire marchand, se trouva en escale forcée au port commercial de Pascagoula. Il se trouva que Stephanos Panagiotakis était membre d’une association ufologique en Grèce, rédacteur d’une revue, et connaissait le dossier Pascagoula depuis les premières publications de presse. Il ne passa que huit jours dans la ville, mais le destin voulut qu’il fut à même d’interviewer de nombreux acteurs marquants, dont l’un des principaux enquêteurs du Mississippi Press, journal local qui avait largement couvert l’incident. Son livre parut en Grèce en 1983, et a été traduit en anglais et publié en 2018. Le livre de Panagiotakis précéda celui donc celui du témoin principal, Charles Hickson, coécrit avec William Mendez, paru en 1983 et réédité en 2017, un an avant le présent ouvrage.
Les questions ufologiques et en particulier le thème de l’abduction ont été mis à l’honneur récemment dans les médias et la production audiovisuelle. Le documentaire de Luis Elizondo, « Unexplained » en partie consacré aux observations par l’USS Nimitz en 2004 jouit d’une forte audience. En 2018, le documentaire Above Majestic, de David Wilcock, eut un retentissement y compris dans sa version française. Il y a moins de deux semaines, était annoncé le trailer d’un documentaire « choc » par deux producteurs/réalisateurs américains, John Sumple et Jack Roth, consacré aux abductions et aux procédures d’hybridation supposément pratiquées par les Ets. Ce documentaire « Extraordinary : The Seeding » a donné lieu à plusieurs interviews de ses auteurs, dont une sur la chaîne YouTube du célèbre historien de l’ufologie Richard Dolan. Dans le même temps, un documentaire était en cours de production autour du témoignage de Calvin Parker, et parallèlement une autre société audiovisuelle prépare une œuvre de fiction autour du cas Pascagoula. Charlie Parish, un autre réalisateur, prépare depuis un an un long documentaire sur le thème de l’abduction. Il a rencontré plusieurs fois David Jacobs, s’est entretenu avec Philip Mantle, et il est probable que le cas Pascagoula aura une bonne place dans sa production. Tous ces évènements audiovisuels qui se bousculent entre la fin 2018 et le début 2019 seront, souhaitons-le, l’occasion de revisiter le travail considérable de nombreux chercheurs, souvent inconnus du grand public, y compris dans notre pays. Distribuées en langue française, ces œuvres dissiperont de nombreuses confusions autour du phénomène et, pour le moins, nourriront utilement le débat.
Dernière réflexion : Calvin Parker est toujours un « fondu de pêche » comme il l’indique dans les derniers chapitres, et il continue à faire des sorties en barque avec sa femme et ses amis, aux premiers jours de printemps. Réjouissons-nous avec lui, de ce que les visiteurs étrangers ne lui aient pas « dérobé » cette passion qui l’aida à surmonter les tourments causés par une fatale rencontre.
La vague de 1973 aux Etats-Unis, à-travers quelques articles de presse d’octobre 1973.
L’incident survenu à Pascagoula en octobre 1973 prend place dans la vague d’observations ovni de 1973. Cette vague qui frappa particulièrement les Etats-Unis, se concentra sur les quatre derniers mois de l’année (septembre à Décembre 1973) et concerna principalement les Etats du Sud (Golfe du Mississipi) et de la Côte Est. Sont également documentés plusieurs cas survenus sur la côte ouest (Californie). La presse américaine a largement couvert cette vague de signalements « qui fit sensation », et sont reproduits dans ce livre près d’une dizaine d’articles datés d’Octobre 1973. Quatre de ces article replacent l’incident de Pascagoula dans le contexte général qui fait également le titre d’un dossier du Center for UFO Studies (fondé par J. Allen Hynek peu de temps auparavant), « The Fall 1973 UFO Wave », soit la vague d’ovni de l’automne 1973. Ce document du Cufos comprend une soixantaine de pages et offre une étude détaillée et systématique des centaines d’observations et signalements, dont un certain nombre se rapportent à des rencontres du troisième type (contacts rapprochés avec des entités biologiques extraterrestres). La couverture de cette étude du Cufos est reproduite et une traduction partielle ou intégrale de son contenu, si elle est disponible un jour, éclairera les lecteurs sur ce contexte historique.
Je me borne ici à rapporter quelques contenus des articles reproduits en annexe de ce livre, principalement ceux du Long Island Press (N.Y) du 21 octobre 1973, du Houston Chronicle (Texas) 21 Octobre 1973, le Chicago Today du 16 Octobre 1973, et l’article du Herald Advertiser de Boston, du 21 Octobre 1973.
L’article du Herald Advertiser rappelle que la vague d’observations est sans doute la plus importante depuis l’époque de l’observation de Kenneth Arnold en Juin 1947. L’article rapporte même un autre incident survenu au Mississippi avant le témoignage de Hickson et Parker, précisément à Gullport, Mississippi, et où des créatures étranges auraient « stoppé des voiture » sur la Route 90, celle-là même qui fut concernée par l’épisode Pascagoula. En Louisiane, état frontalier du Mississippi et dans la même période des shérifs rapportèrent avoir observé et poursuivi cinq lumières rouges-orangées dans la région des Piney Woods. La FAA, administration fédérale responsable du traffic aérien, déclara toutefois qu’aucune observation significative n’avait été faite par les pilotes de ligne. L’article précise que les pilotes ont souvent été dissuadés de faire de tels rapports, du fait des lourdes obligations administratives entraînées par ce type de signalements. Une source au sein d’une compagnie aérienne confia que qu’au cours des dernières années, les pilotes de ligne avaient fait des signalements d’ovni au rythme de deux par mois. Le NORAD (Commandement de la Défense Aérienne) nia cependant que des ovnis aient été détectés au cours des trois dernières semaines par son système national de radars et détection par satellite. L’article mentionne encore un certain nombre d’observations, au cours de la même semaine antérieure au 21 octobre, dans le secteur de la Base militaire aérienne de WrightPatterson, qui avait été le siège du Projet Blue Book d’étude du phénomène ovni par l’Air Force (projet interrompu officiellement en Décembre 1969). Des observations à Columbus, Ohio, ville située à peu de distance de la base de Wright-Patterson, sont signalées dans l’article du Chicago Today. Cet article a pour titre « Rash of UFO sightings reported thru Midwest » et rapporte donc une vague d’observations dans les états du Midwest. Dans ce secteur de Columbus, les polices de trois comtés enquêtèrent sur plusieurs signalements d’une lumière ambrée qui serait restée en vol stationnaire audessus de plusieurs zones. Un officier de la base aérienne Lockbourne Air Force Base, au sud de Columbus, commenta laconiquement en rappelant que l’Air Force avait mis fin trois ans auparavant à sa recherche sur le phénomène ovni, l’enquête ayant conclu qu’il n’existait pas de preuve concluante que des vaisseaux extraterrestres visitaient la Terre.
L’article de Peter Reich dans le Chicago Today rapporte en outre une vague importante d’observations en Indiana, un autre Etat du Midwest. Un agent de la police d’Etat à Indianapolis, Indiana, déclara que les signalements d’observations arrivaient de partout dans l’Etat. « This seems like the night for them in the Indianapolis area ». « Ils » semblaient avoir choisi cette nuit dans le secteur d’Indianapolis. Des policiers de deux comtés de l’Indiana, le comté Hendricks, et le comté Morgan, signalèrent avoir observé un objet stationnaire dans le ciel qui changeait de couleur du rouge au blanc et au bleu. Au sud du comté Morgan, un shérif adjoint déclara avoir observé un objet qui avait « décollé depuis le sol » dans la nuit du 15 au 16 octobre au nord de Martinsville, qui se trouve au sud-ouest d’Indianapolis. Williams affirmait que deux autres adjoints étaient avec lui au moment de l’observation.
L’article du Long Island Pressrapporte une série de signalements en Géorgie, un autre Etat du « Golfe » où furent observés lumières ovales à Dawson, Géorgie, et dans un autre cas un objet doré en forme d’œuf, qui descendit près de Griffin, dans le même Etat. Le 3 Octobre, un objet lumineux émettant des lumières clignotantes fut observé en vol stationnaire au-dessus de Tupelo, Mississippi. L’observation fut faite par un ranger affecté au parc national. Al Rossiter, auteur de l’article, rappelle que cette vague sans précédent affecta la moitié des cinquante Etats qui forment les Etats-Unis. Au début de la même semaine, l’Agence Tass (Union Soviétique) avait rapporté que les observatoires de radio astronomie avaient détecté des formes de signaux radio jamais identifiés précédemment, et n’excluait pas qu’ils aient été envoyés par une civilisation intelligente. Ces affirmations de l’agence russe étaient aussitôt démenties par William Howard, directeur adjoint de l’Observatoire national de radio astronomie. Le Pr. Carl Sagan, qui dirigeait alors le radio observatoire d’Arecibo à Porto Rico, déclara quant à lui que ce type de signaux radios ne devaient pas être associés avec la vague d’observations ovni. Il est notoire que Carl Sagan a constamment réfuté dans ses déclarations officielles, que les « lumières dans le ciel » aient pu être des vaisseaux extraterrestres. Dans le même article, Stuart Nixon, directeur exécutif du Nicap, qui était à l’époque l’un des principaux groupes d’enquêtes ufologiques, alerte sur le fait qu’un certain nombre d’observations inexpliquées pourraient être noyés et passer inaperçus dans la masse des phénomènes naturels ou explicables. Stuart Nixon résume ainsi cette difficulté en schématisant la stratégie de l’Air Force : « If you can shhot down eight or nine, you can shoot down the tenth ». Dans l’esprit de Nixon, la stratégie de l’Air Force consiste à discréditer 90 pour cent des observations, dans le but que le petit nombre de cas inexpliqués disparaisse également dans le nombre. De façon ironique, le scepticisme est relayé y compris dans la dite communauté ufologique, comme l’indique l’article du Houston Chronicle : L’organisme ufologique britannique BUFORA (British Unidentified Flying Objects Research Association) estimait à la même époque que quatre-vingt-dix pour cent des observations pouvaient être rejetées.
Le même article décrit comment le phénomène fut également rejeté par des universitaires de premier plan, tels William Dember, directeur du Département de Psychologie de l’Université de Cincinnati, aux yeux du qui le phénomène n’était qu’une lubie qui s’évanouirait au bout d’une semaine (« Fads like this have very shot cycles-just a matter of weeks), les observations étant selon lui de toute évidence dénuées de crédibilité. Le Pr. Dember fut largement démenti par les faits : La vague de 1973 ne s’évanouit pas en une semaine, et bien au contraire s’impose comme une des plus importantes de tous les temps.
Jean Librero
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